Corporate

CORPORATE

 

  

 

Exposition du 8 au 30 mars 2013. Vernissage le vendredi 7 mars de 19h30 à 22h. 

Sylvain GripoixLucas Schifres, Cristian Zanin, Jean-Marie Vugnon, Claire Marc

 

Corporate ? Un mot anglais, qui désigne ce qui serait conforme aux valeurs de l’entreprise, donc d’une sorte d’image officielle, contrôlée, maîtrisée, d’une liberté soigneusement encadrée. Quelles vérités trouvent à se dire dans et à travers une image créée afin de communiquer, c’est ce que se propose d’explorer cette exposition qui traite d’un aspect de la photographie trop rarement étudié, et peu connu du grand public, alors qu’il constitue désormais une part importante du travail et des revenus des photographes. L’entreprise, vecteur social majeur du vingt-et-unième siècle, est entrain de créer son propre genre photographique. L’exposition présente deux travaux directement issus de cette nouvelle veine, deux œuvres qui conservent leur distance avec l’orthodoxie de l’entreprise, et un ensemble qui dresse un constat.

Les visages se détachent sur un fond identique : d’un noir profond, accordé au costume, halo de lumière bleu acier dans la partie supérieure droite de l’image. Avec un tel dispositif, on pourrait penser que chaque personnalité se fond dans une image globale et que la hauteur de l’épaule ou le motif d’une cravate ne saurait réellement caractériser le portrait. Pourtant, la façon dont chaque corps se présente, confiance ou empressement face au photographe et/ou aux actionnaires, l’axe du regard, les minuscules détails de la pose singularisent efficacement chacun des portraits de Sylvain Gripoix, dont tout le savoir-faire consiste ainsi à instaurer une puissante mécanique dans laquelle les détails deviendront signifiants. Et puis, au delà de la singularisation de chaque portraituré, nous retrouvons aussi un air de famille entre les protagonistes. Serait-ce le french-look, en comparaison avec les hommes d’affaires chinois représentés dans les photos de Lucas Schifres ?

Surprise : la pédégère et les vices-présidents, tous en costumes trois-pièces, avec sérieux, sont portraiturés dans les poses de leur sport favori. Nous sommes en Chine dans un grand organisme financier, Standard Chartered Bank. Lucas Schifres –avec son expérience de photos d’entreprise acquise chez Bloomberg en France – subvient largement à leur besoin en photo pendant les cinq ans qu’il a résidé sur place. Il jouit d’une large autonomie dans le choix des sujets, de leur traitement, et peut se permettre des approches nouvelles : portraits en sportif, donc, vie dans l’entreprise, congrès, locaux, architecture intérieure, environnement urbain. Avec des documents soignés qui vont du reportage distancé aux reconstitutions avec acteurs (pourvu que ce soit positif !), Lucas Schifres donne un exemple fort du corporate et permet aussi, entre les lignes, de repérer certains traits propres au monde bancaire chinois et à l’image qu’il souhaite se donner.

Suivant un cahier des charges précis édicté par l’entreprise, Cristian Zanin a photographié le personnel pendant les activités de la journée. Donner une vision concrète à un travail aussi immatériel que celui du secteur tertiaire, rendre visibles les échanges et les relations entre les acteurs professionnels, matérialiser visuellement l’action-même de réfléchir ou d’élaborer un projet : l’image n’a nul besoin d’être mise en scène, la photographie se constitue comme un espace ouvert dans lequel les formes vont et viennent, se posent un instant.

Ce n’est pas seulement que le groupe contrôle son image, c’est aussi qu’il s’attend à ce que ses futurs membres exercent, à titre individuel, un tel contrôle sur eux-mêmes. Qu’alors, une telle maîtrise de l’image de soi puisse compliquer, dans le cadre d’un recrutement, la lecture d’un profil individuel semble aller de soi. C’est ce qu’a voulu mettre en lumière Jean-Marie Vugnon, dans un travail de réappropriation d’annonces parues sur le web, et autres accroches de recrutement et de psychosociologie.

 

Enfin, c’est avec humour que les programmateurs et l’équipe du CRL10 ont accueilli le dossier faussement corporate de Claire Marc. Les fidèles de l’Immixgalerie sauront y reconnaître des lieux familiers que le regard amusé de la jeune artiste a su transcender. Jouer avec sa propre image peut aussi être au cœur du projet de l’image maîtrisée.

 

                                                                                                Bruno Dubreuil /Carlo Werner/ Immixgalerie

 


Sylvain Gripoix / Lucas Schifres / Cristian Zanin / Jean-Marie Vugnon / Claire Marc

 


Accrochage

 


Vernissage