Foot Out

FOOT OUT

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Exposition du 5 au 29 juin 2014. Vernissage le 5 juin à 19h30.

Battage médiatique, jeux du cirque et nationalisme exacerbé : il semblerait qu’une Coupe du Monde de football n’ait que peu à voir avec l’art. Mais à considérer l’inventivité d’un dribble, la perfection d’une trajectoire ou le scénario improbable de certains matches, le jeu de football aurait peut-être, au contraire, tout à voir avec l’art. Pourtant l’art a rarement fait du foot sa matière

première, et le sport est un sujet peu traité par les artistes : peut-être parce que le jeu et ses codes sont déjà, en eux-mêmes, une forme de représentation. Heureusement, la jeune génération des étudiants en école d’art ne craint aucun sujet : elle s’est attaquée au sujet-football sans préjugés et même avec un appétit certain.

Pour préparer la Coupe du Monde, l’équipe de programmation de l’Immixgalerie n’a pas prévu de rester devant sa télévision. Nous sommes donc partis rencontrer les étudiants de l’atelier de Jean-Luc Vilmouth, à l’Ecole nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (atelier dont plusieurs membres ont déjà participé à des expositions à l’Immixgalerie). Le projet : travailler en collaboration à créer des œuvres prenant le foot comme thème, mais en l’abordant de façon décalée, voire franchement irrévérencieuse. Non pour le moquer ou dévaloriser la passion qui l’entoure, mais pour se démarquer du discours général, des poncifs, des débordements et du chauvinisme prêt à surgir à la première victoire.

La constitution du groupe d’artistes avait de quoi insinuer quelques doutes dans l’esprit des commissaires : une majorité féminine (quoique l’équipe de France féminine engrange aujourd’hui plus de succès que son homologue masculine), et quelques origines nationales traditionnellement peu passionnées par le ballon rond. Mais on sait bien que le regard est plus aigu lorsqu’il est moins impliqué, et qu’il en résultera peut-être plus de surprises.

Les pièces produites par ces jeunes artistes sont doublement révélatrices. D’abord de leur manière de s’approprier une matière artistique : la triturant, la démontant pour mieux la remonter, lui adjoignant une pincée d’autobiographie, la transformant enfin. Et l’objet produit n’est plus nécessairement un tableau ou un photo en deux dimensions, mais une pensée qui trouve une forme-objet. Révélatrices aussi de l’aspect qu’ils (elles) ont retenu du football : peu d’attention portée aux héros du jeu, ceux qui attirent la lumière médiatique, si ce n’est dans les images (ironiques) de Bady Dalloul (le vrai passionné du groupe) ; un intérêt particulier pour les règles et leur rayonnement international, les lois du jeu et leurs implications (dessins de Qin Han, terrain de Clara Mazzoleni, sérigraphie et ballon de Mao Tao, playlist de Mathilde-Bénédicte Soares) ; enfin le caractère social et politique lié à ce sport et à l’évènement Coupe du Monde (installation de Claire Isorni, vidéo engagée de Tefy Andrianjara, accessoire de supporter créé par Marie Barros).

C’est habituellement une équipe expérimentée qui remporte la Coupe du Monde (moyenne d’âge des vainqueurs, 27,5 ans : encore faudrait-il considérer la brièveté de l’activité professionnelle du footballeur comparée à la longévité d’une vie d’artiste). Une statistique qu’il va désormais falloir réviser.

Bruno Dubreuil / Immixgalerie

Accrochage 


Vernissage