Passé recomposé

 Passé recomposé

 

Carton R  Carton V

 

Exposition du 5 octobre au 3 novembre 2012

Afrouz Razavi, Stéphane Bouelle et Eleonore Joulin

 

Le document est là, devant nos yeux, porteur d’une vérité en apparence irréfutable. Mais l’histoire est pleine de manipulations qui nous ont appris qu’un document s’interprète plus qu’il ne se lit passivement. Le document est là, mais il faut le faire parler, et la meilleure manière est peut-être de le triturer, de le tordre, le découper, le recomposer, le mettre à distance, ainsi que l’utilisent les trois artistes présentés dans cette exposition.

Le 14 mai 1610, rue de la Ferronnerie, aux alentours de 16h15, Ravaillac assassine le roi Henri IV de trois coups de couteau. Quoique bien documentés par la chronique, bien des aspects du funeste évènement sont demeurés dans l’ombre jusqu’aux découvertes récentes de Stéphane Bouelle. Photographies d’époque, nombreuses pièces à conviction et même le film amateur super 8 du moment du meurtre, tout y est, prêt à être analysé, disséqué par les commissions d’experts. Et bien sûr, l’Histoire est une suite d’échos, un éternel recommencement que Stéphane Bouelle explore avec autant de rigueur que d’humour.

Afrouz Razavi, jeune artiste iranienne, se donne pour matière première les photos de famille de son histoire personnelle. On pourrait s’attendre à un projet intimiste mais elle se livre, sur chaque image, à un savant travail de découpage, de réassemblage qui aboutit à un montage au sens cinématographique du terme. Isoler un détail de l’ensemble, zoomer à l’intérieur de l’image, recadrer, trancher, retrancher : par tous ces gestes, la photographie perd son instantanéité pour se présenter autre : porteuse d’un passé enfoui, d’un futur peut-être celé. Les photos d’Afrouz Razavi sont comme des histoires : elles nous racontent des destins singuliers, l’histoire collective, et derrière tout cela, oeuvrant souterrainement, l’histoire des formes.

Savez-vous que la zone interdite de Tchernobyl est une destination touristique très prisée ? Et donc, générant son flot de photographies de vacances visibles sur les sites de partage de photos en ligne ? C’est là qu’Eleonore Joulin est allée puiser la matière de sa réflexion sur l’image photographique. Celle-ci s’articule autour de quatre photographies d’un même lieu, contenant un même objet (une poupée), prises par quatre touristes différents. Modifications de l’approche et différences de cadrage sont parfois légères mais sensibles. Eleonore Joulin a même enquêté pour connaître les motivations que chaque protagoniste mettait derrière sa photographie (témoignage présentés dans l’installation photographique).

Cette déconstruction analytique de la photographie pose de multiples questions : quelle est la marge de manœuvre du photographe par rapport au réel ? L’accumulation d’images et de regards renforce-t-elle le réel ou l’affaiblit-elle ? Mais surtout, le document n’est-il pas déjà, en soi, une réécriture du réel ?

 

                                                                                             Bruno Dubreuil / Immixgalerie

Afrouz Razavi / Stephane Bouelle / Eleonore Joulin

 


Accrochage

 


Vernissage

 


Séminaire – Rencontre – Débat

Séminaire 2  Séminaire 1