Percevoir autrement
PERCEVOIR AUTREMENT
Stéphane Moiroux, Laure Gruel, Georges Pacheco
Exposition du 3 juin au 2 juillet 2011, vernissage le 1er juin de 19h30 à 22h
Cette nouvelle exposition de l’Immixgalerie tente une plongée photographique à l’intérieur du cerveau de l’autre, pour savoir comment il voit, comment il perçoit notre monde. Ouvrir sur un autre espace, d’autres relations à soi-même et à son environnement, un autre rapport au temps. Plus encore : à la recherche d’un invisible de la vision.
Nous savons bien qu’on peut voir le monde les yeux fermés. Mais comment peut-on se voir soi, s’imaginer, alors qu’on ne s’est jamais vu ? C’est à cette question qu’a cherché à répondre Georges Pacheco lorsqu’il a entrepris à Lisbonne ce projet intitulé « le regard des aveugles ».
Pour bien appréhender l’image finale, il faut détailler le protocole de la prise de vues. Il s’agit de donner à chaque personne, aveugle donc, la possibilité de réaliser elle-même son autoportrait. Elle pénètre dans le studio, s’installe dans la lumière. Par le son de sa voix, le photographe lui indique dans quel axe est l’appareil photo (une chambre). Mais ce sera la personne qui choisira sa pose, sa lumière, et le moment voulu pour appuyer sur le déclencheur. Au bout d’une prise de vues qui peut durer jusqu’à deux heures, une seule image est réalisée. Elle s’accompagne d’un entretien au cours duquel la personne va répondre à la question : quelle serait pour vous la photo idéale ?
L’Immixgalerie avait abordé une partie de cette thématique dans l’exposition Autoportraits ? Mais il y a ici un vertige abyssal, quand nos regards rencontrent ces regards qui se donnent à nous tout en nous traversant.
Stéphane Moiroux (agence Hans Lucas, accompagné sur ce projet par Laure Gruel) nous propose plusieurs regards sur la folie à travers une enquête passionnante qui l’a conduit au sein de quatre peuples d’Amérique : Inuits, Sioux Lakota, Mayas et Shipibos (Amazonie). L’exposition présente les reportages réalisés sur les deux premiers.
Il s’agit de mettre en relation ce que notre médecine diagnostique comme une psychose et ce qui constitue l’arrière-monde symbolique et spirituel de ces peuples ; comprendre alors, comment ces communautés peuvent traiter différemment ces symptômes et proposer une autre prise en charge. Ainsi, le mode de vie des Inuits se trouve bouleversé par les « progrès » apportés par la société moderne : l’inadéquation entre leur vision du monde, la place accordée à l’invisible dans leur mode de pensée, crée des fractures à l’intérieur de la communauté mais aussi à l’intérieur des individus. Chez les Sioux Lakota, les praticiens blancs sont très éloignés de l’interprétation qu’un psychologue sioux peut donner d’un même phénomène : ce qui apparaîtra au premier comme un délire mystique se lira pour le second comme une communication avec les esprits. Les photographies de Stéphane Moiroux nous font pénétrer à l’intérieur de ces systèmes de pensées et ouvrent sur d’autres paroles.
A chaque fois, il faut savoir faire évoluer le cadre de sa propre perception pour être capable de comprendre l’autre.
Bruno Dubreuil / Immixgalerie
Georges Pacheco / Stéphane Moiroux et Laure Gruel
Accrochage
Vernissage
Séminaire – Rencontre – Débat