Pairideieza
“Pairideieza”
Exposition du 6 au 28 mars 2009. Vernissage le jeudi 5 mars de 19h30 à 22h.
Au premier plan, un large tapis. A l’arrière-plan, un paysage, l’horizon d’une futaie. Entre les deux, ni frontière ni différence de structure. Le tapis est dans la nature comme la nature est dans le tapis. Dans la partie inférieure de la photographie, le tapis est si proche qu’on peut voir le détail de ses fibres ; son étendue occupe les deux tiers de l’image, pénètrant dans le paysage à la façon de l’éperon d’un brise-glace. Du tapis au paysage, formes, motifs, teintes et lumières se font écho. Et en amont comme en aval de l’image, de nombreuses histoires se tissent.
Car chaque photographie de la série « Pairideieza » de Anouck Durand-Gasselin est avant tout le résultat d’une rencontre (dont les détails, pour chaque photo, sont précisé dans un texte d’accompagnement). Rencontre avec la famille propriétaire du tapis, immersion dans leur lieu de vie, dans leur culture. Rencontre avec l’histoire de ce tapis, avec le vécu ethnique et familial qui s’y rattache. Rencontre avec l’autre lieu, celui du paysage dans lequel prendra place la prise de vue. Enfin, le lieu ultime, celui de la photographie, terrain d’échanges où les histoires convergent (l’Histoire, les histoires de famille, l’autobiographie de l’artiste, la grande Histoire de l’Art et même la petite histoire que chacun se raconte devant une œuvre).
En persan, Pairideieza signifie « jardin », et on l’entend, « paradis ». On sait les deux étaient originellement confondus. Ici, paradis et jardins se constituent en un lieu ouvert, qui invite plus à l’échange qu’à la nostalgie. Ainsi en est-il aussi de l’installation photographique de Anouck Durand-Gasselin : l’espace d’exposition est recouvert d’un tapis sur lequel les spectateurs sont invités à se déchausser et à s’asseoir. Les photographies, de très grand format (180×120 cm), posées à même le sol, entourent les spectateurs, prolongent leurs regards.
Des photographies pleines, fécondes.
Il y a là, finalement, tout ce que l’on peut attendre d’une image. L’écho qu’elle entretient avec d’autres images, d’autres arts. La mise en relation (entre plusieurs espaces, plusieurs temporalités, plusieurs cultures). Le motif enfin, au sens de ce qui motive, met en mouvement : ce qui met l’artiste en mouvement, vers les autres, vers une forme, au sein d’un réseau de sens ; ce qui, aussi, met la pensée en mouvement ; ce qui, enfin, met le spectateur en mouvement. Voilà ce qu’on trouvera ici : un motif.
Bruno Dubreuil / Immixgalerie
Anouck Durand-Gasselin
Accrochage
Vernissage