Photo – Thérapie
PHOTOTHERAPIE
Exposition du vendredi 7 juin au 29 juin 2013. Vernissage jeudi 6 juin de 19h30 à 22h.
Sarah Carp, Olivier Terral, Benito C.
Est-ce trop attendre de la photographie ?
Mettre la photographie au centre de la vie. Ne pas seulement viser l’œuvre d’art. Echanger, partager, donner. Créer pour, au milieu de. Que la photographie soit comme un gué au milieu d’une rivière : un moyen (le médium = ce qui est entre) sur lequel nous puissions prendre appui pour traverser les épreuves les plus fortes de l’expérience humaine.
Comment la photographie peut-elle se faire une place qui soit juste au sein d’un processus médical ? Comment faire intervenir sa capacité à refléter et à représenter sans qu’elle ne paraisse fausse ou dérisoire ? Comment accepter le bruit de l’obturateur captant quelques fractions de seconde de vie quand l’infini de la mort est là, tout près ? Comment retourner cette question pour faire de la photographie un instrument de vie, un support facilitant l’échange et l’avancée ? C’est avec ces questions que chemine la série de Sarah Carp intitulée Donneuse Apparentée. Accompagnant de ses images la maladie de son frère Henri pendant douze mois, l’auteure use de la photographie comme d’un moyen de garder prise sur le flot des instants, de conserver la force de construire face à la maladie qui détruit. Entre la sœur (qui a donné ses propres cellules souches) et le frère, les images ont tressé un lien vital et nécessaire. Les photographies nous atteignent, à la fois par leur nudité qui s’oppose parfois à l’enchevêtrement complexe des appareils médicaux. Par leur justesse et leur pudeur, nous pénétrons intimement dans cette narration inexorable.
Laisser une trace : c’est l’idée qui est au cœur du travail qui lie Olivier Terral et les patients d’une unité de cancérologie. La photographie est à la base du processus puisque Olivier Terral commence par photographier le portrait du patient afin de le traduire en valeurs numériques de gris. Sur une toile, il prépare alors une sorte de canevas du portrait agrandi, que le patient remplira progressivement en apposant son empreinte digitale trempée dans la peinture. Il y a là comme une décomposition / recomposition de la photographie, laquelle, en se recomposant, retrouve des procédés qui sont à l’origine de la photographie argentique : l’empreinte et le contact direct. Il y a surtout le questionnement sur l’identité, cette empreinte digitale qui caractérise notre identité judiciaire se dissolvant dans l’apparition de ce que nous donnons toujours à voir en premier : notre visage. Qu’une telle création de soi accompagne le temps de ces patients, qu’elle soit ce qu’ils s’apprêtent à laisser (et parfois à laisser trop vite, alors que la toile n’est pas achevée), qu’elle soit présente pour les familles, autant de signifiances qui nous renvoient au pouvoir de l’image.
Nous avons enfin voulu présenter le travail photographique de Benito C., ensemble appartenant directement à l’art-thérapie (à l’heure à laquelle ce dossier de presse est réalisé, les autorisations de publication sont encore en cours de discussion avec la famille et l’éducateur référent). Nous livrons ici ses photos comme un matériau de réflexion dans lequel on observera la présence obsédante des formes rectangulaires, des miroirs, des portes et l’impact fort des couleurs. Ici, la photographie est au travail : l’important n’est pas seulement ce vers quoi elle se porte, mais qu’elle permette le face-à-face avec le monde.
Bruno Dubreuil / Immixgalerie
Sarah Carp / Olivier Terral / Benito C
Accrochage