Villes défaites

VILLES DEFAITES

 

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Arnaud Sabot, Christophe Salles.

Exposition du 6 au 28 février 2009. Vernissage jeudi 5 février de 19h30 à 22h.

 

La ville est à l’intérieur. Elle n’a pas de forme. Mais tant d’images : celles du cinéma, de la photographie, de la télévision, des bandes dessinées. Convergentes, codées, surcodées. Alors, ne reste plus qu’à détourner les codes, et s’en amuser comme le font les clichés décomposés/recomposés de Christophe Salles ou les corroder et ce sont les photographies acides de Arnaud Sabot.

Jouer. Avec les éléments de la mise en scène, avec le regard du spectateur, avec les images elles-mêmes. La photographie de Christophe Salles joue et se joue de. Dans un ciel d’un bleu immaculé, un building lance ses lignes acérées et c’est le générique de Dallas. Dans un crépuscule glauque, un morceau de parking sur un toit de Manhattan, un grillage distendu, une voiture immobilisée, voici une scène tirée d’un film de Scorcese. Ou encore des tours fumantes qui évoquent un célèbre 11 septembre. C’est que Christophe Salles aime jouer sur ces effets de reconnaissance, ces réminiscences de clichés. Mais qu’on y regarde de plus près et ce que l’on avait pris pour un bâtiment stalinien n’est qu’un empilage de briques disjointes, les fenêtres d’une tour sont constituées par les croisillons d’un panier à linge, et c’est un vieux clapier à lapin que l’on avait pris pour le grillage d’un parking. Un univers bricolé, des matériaux pauvres, un bric-à-brac d’arrière-cour touché par un rayon de soleil couchant et c’est toute une imagerie de la ville qui, à travers ces photographies, se retrouve mise à distance.

La pratique de la photographie d’Arnaud Sabot est, elle aussi, liée à la matière. Mais plutôt à la matière-même du support de l’image, dans un registre qui n’est pas sans lien avec celui de Dominique-Paul Strubel (expo « ma chair image », à l’IMMIX, novembre 2008) ou avec la virulence du cinéma underground (Stan Brakhage, Giovanni Martedi). Arnaud Sabot pratique plusieurs sortes d’interventions sur le médium photographique. Les plus troublantes consistent peut-être à enterrer les négatifs pendant plusieurs mois, puis à les chauffer, voire les brûler : travailler avec les éléments (eau / terre / feu), travailler avec le temps qui attaque l’image. Travailler enfin avec le scanner pour parvenir à exprimer l’image torturée qui traduira un état de conscience. Une photographie mentale. Non pas la ville mais le sentiment de la ville, le devenir de l’individu dans la ville, la corrosion du regard.

Car la ville n’a pas d’existence en soi. Elle n’est qu’une condition indispensable. Un médium de plus.

 

Bruno Dubreuil / Immixgalerie

 

Christophe Salles / Arnaud Sabot


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