Dessin et photographie

DESSIN ET PHOTOGRAPHIE

 

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Bertrand Flachot / Gilles Balmet / Richard MüllerSamuel Buckman

Exposition du 4 avril au 31 mai. Vernissage le jeudi 10 avril à partir de 19h30.

 

Pourquoi présenter une exposition sur les liens entre dessin et photographie ? Voudrait-on remettre sur le tapis la rivalité originelle qui avait opposé les deux médiums ? Rivalité que Baudelaire avait balayée en assignant à la photographie le rôle de « très humble servante des arts et des sciences ». Au moment où sont montrés, dans une même exposition, au Centre Pompidou, les photos et les dessins de la main d’Henri Cartier-Bresson, il est stimulant d’explorer les rapports qui existent entre la main qui trace et celle qui enregistre.

A travers l’approche de quatre artistes, nous avons voulu traiter de ces allers-retours entre dessin et photographie. Loin de nous l’idée de dresser une quelconque hiérarchie entre les deux, d’accorder à l’un un surcroît de vérité ou de pouvoir d’expression sur l’autre. Mais plutôt, mettre en lumière des pratiques artistiques qui entrent en résonance avec ce questionnement : comment le dessin prend-il en charge une représentation du réel qui, en un siècle et demi, a été bouleversée par l’image photographique ?

Il serait vain de mesurer la perte ou le gain qui s’effectue dans le passage d’un médium à l’autre. Posons-nous plutôt des questions esthétiques. Par exemple, celle qui consiste à restaurer la beauté suggestive de l’image négative. Celle dans laquelle les valeurs se renversent : la lumière y devient l’ombre, le noir devient blanc. Image qui rejoint celle de l’imagerie scientifique : celle des mondes intérieurs, où les plis de la matière microcosmique se transforment en vision du macrocosme. Le négatif semble voir à travers la réalité. C’est dans cette esthétique que s’inscrivent les grandes peintures acryliques sur papier de Gilles Balmet.

On a peut-être oublié que derrière l’extrême précision de l’image photographique se cachaient ces points (le grain) qui formaient l’image, comme les traits peuvent former le dessin. L’inventeur anglais de la photographie, Henry Fox Talbot, parlait d’ailleurs de ses dessins photogéniques. S’appuyant au départ sur une photographie, le dessin de Richard Müller procède par petites hachures qui semblent s’accorder au grain. Il en résulte pourtant une image qui décompose et recompose le réel. Comme si la précision venait à se dissoudre dans ce qu’elle représente.

Dessin photogénique ? Les détracteurs de la photo s’étranglent d’indignation : ils n’y voient qu’un enregistrement mécanique alors que, disent-ils, l’art consiste à choisir, à interpréter. Et si choisir au sein du réel, c’était précisément en accepter le hasard, l’aléatoire ? Samuel Buckman enregistre le réel en pratiquant une forme de dessin automatique. Dessins pratiqués par le courant d’air qui agite un crayon suspendu au bout d’un fil. L’automatisme ouvre d’autres portes du réel.

Enfin ce sont parfois les formes de vie qui s’apparentent à un dessin : branchages, enchevêtrement végétal. Bertrand Flachot les photographie, les recouvre de dessin au trait réalisé à l’ordinateur. Le dessin est dans la photographie, les deux médiums s’entremêlent intimement et révèlent leur parenté profonde. Parfois, pour aller encore plus loin, la main déborde quand l’artiste prolonge le grouillement de la vie  par-delà l’image, à même le mur.

Simplicité, précision, foisonnement des détails, spontanéité : autant de qualités à faire circuler entre dessin et photographie.

Bruno Dubreuil / Immixgalerie

 

Bertrand Flachot / Gilles Balmet / Richard Müller / Samuel Buckman

 


Accrochage

 


Vernissage