ALORS QUE MOI JE RESTE

Exposition du 7 janvier au 4 février 2023

Artistes : Soraya Abdelhouaret, Mehdi Azzouz, Alice Dang, Rusne Gocentaite, Jule Heinzelmann, Felicite Prevost-Bucchianeri

Curateur : Alexandre Gras

TEXTE DE PRESENTATION

J’habite le 15ème, porte Brancion.

Je passe le pont sur la petite ceinture tous les jours, tous les soirs, depuis au moins 20 ans.

J’ai grandi avec ce fossé, ces rails et cette gare qui ne sont plus utilisés depuis un demi-siècle. C’est en y passant, un soir, sur ce pont, que l’idée m’a frappé : la gare avait disparue. Cette gare que j’ai toujours connue, visitée plusieurs fois, inutile mais chère à moi.

Le changement nous entoure, et c’est avec l’idée de trouver des artistes qui l’inclue dans leur travail que j’ai construit cette exposition.

Les changements et fluctuations de la matière et ses états dans les films de Rusné Gocentaite, ces espaces où la réalité devient fiction ; sa tentative de captation des esprits et spectres aux travers de ses boites sténopés comme autant de pièges à fantômes.

Les deux endroits à l’abandon qui ont accompagnés Felicite Prevost-Bucchianeri, le village Toscan de Pontito d’où vient sa mère et le fermage Normand de son grand-père paternel, qui n’a pas été reprise par la famille : deux lieux qui ont subi des changements soudains que Felicite a choisi de documenter, sous forme de photographies, de film et d’une édition. ‘É cambiato ma alla fine non è cambiato nulla’ (‘Ça a changé, mais ça n’a pas changé’) lui disait le gardien de Pontito.

Les vidéos de Jule Heinzelmann cristallisent un bref instant passé ; sa barre miroir prend place de film et nous posent comme caméra : les changements du paysage nous sont donnés en direct.

La photographie de Mehdi Azzouz explore la vie dans les quartiers Nord de Paris, avec laquelle il installe un dialogue : dialogue visuel du quartier et de ses habitants, dialogue avec ses sujets (ses amis, ses voisins), une exploration des aspects contrastés de la rue et l’atmosphère intense qu’elle peut dégager ; Une approche du changement personnel, plus proche d’une évolution.

Les portraits de Alice Dang apparaissent comme un fil tendu entre l’espace et les générations : 1ère et 2nde de Chinois venus vivre en France. Son projet, ici presque à la manière d’un album photo, installe ses proches et connaissances dans les lieux qui leur tiennent à cœur, se reflètent à leur droite les mots en réponse aux questions d’Alice, construites comme un bref portrait écrit de leur identité et environnement (présentés comme en diptyque).

Les blobs de Soraya Abdelhouaret, témoins quasi éternels d’un monde en perpétuel changement : leurs schémas de croissances s’adaptent parfaitement à leur environnement : alors que moi je reste, se dit le blob.

Des regards divers et des points de vue plus ou moins évidents sur le changement : personnel, émotionnel, sociale, environnemental, spatial, même insaisissable.

Alors que moi je reste(spectateur)

Alexandre Gras

PHOTOS DE L’EXPOSITION