Autoportraits ?

AUTOPORTRAITS ?

 

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 Aglaé Bory, Laurence Demaison, Bernard Demenge, Thomas Rigade

 Exposition du 4 au 26 mars 2011. Vernissage le 3 mars de 19h30 à 22h

 

Ne pas voir l’autoportrait seulement comme la traque inquiète de soi-même. Comme la reproduction minutieuse et narcissique de l’évolution de ses propres traits. Mais voir comment la photographie peut nourrir ce genre majeur de l’histoire de l’art. Comment sa souplesse, sa malléabilité, lui permettent de se prêter à toutes sortes d’expériences, de déplacements, de jeux avec d’autres modes de représentation. La photographie comme pratique vivante pour insuffler de la nouveauté dans un genre trop codé par la peinture.

 

Chaque série de Laurence Demaison interroge cette pratique de l’autoportrait. Veineuses : un gribouillage lumineux émane du corps, vision aux rayons X, squelette irradiant. Entre science et mystique, traversant le corps physique et charnel, la lumière révèle un champ de forces énergétiques. Elle met à nu l’architecture invisible de nos corps. Eautres : là ou l’exercice de l’autoportrait en peinture figeait les traits, l’image photographique est entraînée vers sa dissolution. Le Moi se démultiplie, se tord, se diffracte. Approfondir son propre reflet, le remettre à l’étude, ne contribue qu’à le brouiller plus encore.

Pour Aglaé Bory, l’autoportrait n’est peut-être qu’un prétexte. Plusieurs photos de la série Corrélations sont présentées ici : tout en s’inscrivant dans le temps indifférencié d’un quotidien parcouru de lumières délicates, elles tracent un espace fictionnel qui pourrait évoquer celui de certaines photos de Cindy Sherman. Mais surtout, la réflexion sur l’autoportrait se double ici de la présence de l’enfant. L’image de soi se trouve ainsi redistribuée : les postures s’assemblent, se répondent, divergent. Le temps est l’élément central de la série : les jours passent, leur effet est presque imperceptible, l’image toujours au présent.

Mais qui est Bernard Demenge ? Et combien de vies a-t-il ? Projection, rêves et fantasmes, mythes, stars d’un panthéon personnel ou salauds célèbres. Les autres comme satellites du Moi : c’est cette nébuleuse de l’identité que reproduit son installation photographique. Des images qui nous sont à la fois familières et étrangères. Pour chacune, l’artiste s’est photographié en adoptant l’attitude et l’expression de la personnalité choisie, puis a glissé son visage à la place de celui d’origine. Par ce mouvement sournoisement exécuté (pas vu pas pris, j’y suis j’y reste), je commets un enfantillage pas sage, une usurpation, une transgression absurde et dérisoire.

Avec légèreté et humour, Thomas Rigade interroge enfin : l’espace de l’image photographique est-elle à même de saisir le reflet du Moi ? De le traquer, de le percevoir, de le retenir  à l’intérieur du cadre ? Dans le récit biblique, le premier homme ne sait pas encore à quoi il ressemble, il ne connaît pas sa nature. Est-ce le mécanisme photographique qui lui révèlera celle-ci ? Ou bien sa fuite éperdue hors de l’image lui conservera-t-elle son insouciance première ?

 

Bruno Dubreuil / Immixgalerie

Laurence Demaison / Aglaé Bory / Bernard Demenge / Thomas Rigade


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