Habiter

HABITER 

 

Carton-Recto-Habiter  Carton-Verso-Habiter-V3

 

Exposition du 3 mai au 1er juin 2013. Vernissage jeudi 16 mai de 19h30 à 22h. 

Margaret Dearing, Simon Villaeys, Carlo Werner

 

Habiter est notre façon d’occuper le monde, d’y trouver notre place, mais aussi de nous en emparer, de le modeler, de tenter de l’adapter à la géométrie de nos déplacements et de nos corps. Les trois photographes de cette exposition s’attachent à (dé)montrer que c’est plutôt le contraire auquel nous nous trouvons confrontés : la difficulté de devoir plier l’individu à ce qui a été conçu pour des ensembles de personnes, parfois pour des ensembles sans personne, des masses sans désir.

Simon Villaeys présente deux ensembles photographiques débutés en 2007, au moment où les émeutes de Villiers-le-Bel secouaient la France. Dans la lignée du travail de Matthieu Pernot (Le grand ensemble), et dans la tradition documentaire de la reconduction, il prend pour point de départ une carte postale des années 60 représentant une barre d’immeubles dont il va, cinquante ans plus tard, retrouver l’angle de vue et le cadrage pour développer sa démarche comparative. Au spectateur qui voudrait simplement lire dans ce travail une critique sociale, les images rendent toute l’ambigüité de la réalité : l’esprit souvent utopique qui a présidé à ses constructions a su parfois traverser les époques et s’adapter à travers d’infimes modifications plus subtilement que ne le laissent à penser les regards d’une information que diabolise autant ces lieux de vie que leurs habitants. La deuxième série de Simon Villaeys, consacrée à la traque des œuvres d’art du 1% dans ces mêmes lieux montre bien l’écart entre la projection d’une manière d’habiter telle qu’elle est conçue extérieurement et sa réalité vécue.

Les photographies d’Architectures constituent une série réalisée par Margaret Dearing en 2003-2005 sur le Front de Seine à Paris. Cet ensemble d’une vingtaine de tours situées sur une dalle en bord de Seine a résulté d’une opération d’urbanisme dans les années 70. Dans une lumière d’une froideur chirurgicale, chaque photographie déploie de larges aplats de couleurs, de textures lisses ou rugueuses, de brillances, de signes. On pourrait croire qu’ainsi l’image se réduit à deux dimensions en une sorte d’abstraction photographique mais il n’en est rien : un espace se dessine, se creuse, parcouru d’ombres et d’échappées, de perspectives suggérées et d’issues esquissées. La présence humaine n’est alors pas là pour évoquer un espace déshumanisé mais pour habiter la photographie à la façon dont les pionniers de la photographie, posant leurs lourdes machines dans les temples égyptiens, demandaient à un guide autochtone de poser à côté d’un portique effondré afin que cette silhouette humaine pût donner sa dimension aux demeures des dieux.

Les maisons jumelles luxembourgeoises captées par l’appareil photographique de Carlo Werner nous rappellent ces livres d’illustrations dans lesquels des personnages diversement costumés sont vus de face, l’image coupée en deux verticalement si bien que l’on peut soulever les volets pour créer des personnages composites dont les lignes s’ajustent avec tant d’exactitude qu’ils en deviennent monstrueusement cohérents. La démarche est bien ici celle d’une photographie documentaire inscrite dans la tradition de l’école de Düsseldorf, mais c’est comme si ces maisons jumelles étaient, dans le réel, des ready-made d’image comparative. De part et d’autre d’une ligne dont on observera qu’elle ne coupe pas toujours la maison à l’exact milieu, se déploie un Rorschach inégal, marqué par l’individualisme décoratif et des destinées divergentes, le motif avance parfois jusqu’au premier plan, habiter devient une question de limites et de séparations.

Bruno Dubreuil / Immixgalerie

Simon Villaeys / Margaret Dearing / Carlo Werner

 


Accrochage

 


Vernissage 

 


Rencontre – Débat – Conférence