INCERTITUDES

Exposition du 18 novembre au 17 décembre 2022

Artistes : Lara Al-Gubory, Christelle  Boulin, Samuel Fontan, Arthur  Guespin, Rose Lecat, Clara  Lemercier Gemptel, Mathieu  Sauvat, Elliott Verdier, Hanna  Zubkova.

Curateur : Carlo Werner

Texte de présentation

INCERTITUDES

Une sombre incertitude règne – en photographie contemporaine aussi.

Les œuvres, par allusion, métonymie, trompe l’œil ou narration, rendent palpable une hésitation, mêlée d’impuissance et de culpabilité. Que faire devant la maladie d’un proche. Est-ce que, moi-même, je contribue aux atteintes à l’environnement ? Suis-je innocent confronté à la précarité du migrant ? Devrais-je intervenir face au saccage d’un paysage.  Quoi faire, où me situer, en parler ?


Si certaines œuvres font affleurer – sans lourdeur – l’incertitude en activité dans le réel, incertitude qu’on devine dévorante pour ceux qu’on voit sur les photos, comme à propos des migrants ( Rose Lecat ), du malade (Christelle Boulin), ou de la guerre en Ukraine ( fut-ce à un moment où elle était encore larvée, Elliott Verdier ), d’autres travaux , très introspectifs, s’attachent au côté personnel de cet état vague et insidieux, celui de la perte de mémoire ou d’identité ( Mathieu Sauvat, Christelle Boulin ).
 
Mais aussi d’autres artistes inscrivent l’ambiguïté dans le langage même de leurs oeuvres. Par le trompe l’œil, ils mettent à profit ce court moment quand l’incertitude s’immisce en nous, quand la nature de l’objet perçu devient incertaine, que nous découvrons notre erreur et ouvrons les yeux ( Samuel Fontan et ses mille-et-un nuits-tickets-de caisse, Hanna Zubkova et la fausse solidité de certaines colonnes antiques-historiques, Arthur Guespin dont la toile nous  confronte à une hésitation entre la véridicité du constat photographique et l’imaginaire du peintre, Clara Lemercier-Gemptel et le paysage naturel dénaturé ).
 
Et finalement certains travaux, d’un genre qui me semble très récent, proposent des photos d’un langage fortement hermétique, par des association d’idées poétiques, devant lesquelles le spectateur est conduit à être lui-même dans l’incertitude, celle de l’appréhension de l’oeuvre. A moins qu’on lui tende finement des pistes (comme l’ensemble saisissant de Lara Al-Gubory ).

Nous apprenons donc aussi que sous certains aspects  l’incertitude puisse être féconde.
 
Carlo Werner

Photos de l’exposition

(ph Hanna Zubkova, Alkistis Kokkini, C.W)