La cartographie, ou le monde à déchiffrer

La Cartographie, ou le monde a dechiffrer : 5 octobre au 4 novembre 2018

Oeuvres de Sylvie Bonnot, Isabelle Chapuis, Daphné le Sergent, Camille Sauer, Valentina Vannelli, Brankica Zilovic Curateur Bruno Dubreuil


Le réel nous dépasse. Riche, chaotique, complexe, inconnaissable.

Le réel est trop.

Alors il faut le réduire, le mettre à plat.

En dresser la carte pour repousser l’angoisse de l’inconnu.

Et ces cartes, à leur tour, viennent nourrir ce même réel autant que l’imaginaire.

Elles deviennent un matériau artistique.

Rassembler des artistes de la carte eût été trop facile. Ce que nous voulons, c’est montrer que, plus qu’une matière ou une stimulation créative, la cartographie est un rapport au monde, une manière de le lire et de l’apprivoiser.

Alors, nous n’avons pas conçu cette exposition comme une juxtaposition de travaux, ni comme une démonstration, mais plutôt comme une dérive poétique, dans l’esprit du sens de la rêverie de Gaston Bachelard ou des variations d’échelle dans les oeuvres d’Elisée Reclus, dont l’Histoire d’un ruisseau constitue un parfait exemple (qu’on ne voie pas dans ces deux références une volonté passéiste, mais la reviviscence d’une approche littéraire des différentes sciences).

Un courant, un fluide qui crée sa propre logique, chaque oeuvre versant dans une autre. Des rapprochements féconds à la manière de ceux qui figurent dans l’Encyclopédie Parallèle de l’artiste suisse Batia Suter, vue récemment au Bal, à Paris.

C’est pourquoi il est possible de suivre les routes qui courent sur la peau, de les prolonger par les chemins de la pensée, puis de tirer les fils qui tissent les liens sensibles du monde avant de se replonger dans le microscopique.

Mais à quoi peut bien servir de dire que tout est carte ? En quoi des oeuvres d’art nous permettent-elles de déchiffrer le monde ?

Essayons de répondre. A travers la carte, je connais le monde, le délimite, l’interprète. Ce qui contribue à me rassurer et me pousse à m’aventurer plus loin. Et à son tour, le monde cartographié me donne alors des clefs pour me comprendre moi-même. Parce que les outils employés pour dresser la carte ne sont pas seulement une convention : ils parlent de mes besoins et de ma capacité à me positionner en lui. Plus qu’une mise à plat, il est donc ici question d’échanges.

Mais voici que l’exposition se révèle (volontairement) hétéroclite, comme si l’on plaquait un accord dissonnant, créant des tensions plutôt qu’une harmonie.

Car l’exercice cartographique, poussé à son extrémité, ne mène pas à la connaissance mais à la perte, à la dissolution entre le moi et ses suffusions extérieures.

L’expérience de la carte.

Bruno Dubreuil


Accrochage


Vernissage


Rencontre et débat