Le cadre des apparences

Le cadre des apparences

 

Carton recto  Carton verso

 

Rachele Maistrello, Kristina Heckova

Exposition du 2 au 31 octobre 2008

 

Il y a bien des façons de déborder le cadre de l’image. Soit à l’intérieur de l’image elle-même, en entrelaçant le réel et ses représentations, ainsi que le font les photographies de Rachele Maistrello ; soit en choisissant d’inscrire la représentation dans le réel lui-même, une pratique à l’œuvre dans les dessins de Kristina Heckova. A chaque fois, ce sont les frontières entre réel et représentation qui se troublent, deviennent poreuses.

Ce n’est pas un hasard si les photographies de Rachele Maistrello (qui attache une grande importance au fait de réaliser ses tirages couleurs elle-même) ont pour thème l’animalité contrainte ou instrumentalisée par l’homme. C’est que cet univers du zoo, de l’animalerie, du muséum, lui permet de définir emblématiquement son sujet : la notion de frontière, de limite. Limite entre naturel et artificiel, limite entre sa photographie soigneusement élaborée et les représentations pauvres (décors peints sur les murs des cages, photo murale d’un rivage exotique, etc…). Car ici, réel et représentation forment un feuilletage de couches subtilement imbriquées jouant sur l’interpénétration du vrai et du faux. Et de même que l’homme ne peut envisager l’animal sans l’inscrire aussitôt dans une représentation, il ne peut se confronter à la réalité sans s’en faire instantanément une image. Alors, plus ambiguë sera cette image, plus ouvert sera le rapport au réel.

Si les dessins de Kristina Heckova ne se donnent pas facilement, c’est que l’observateur doit d’abord les chercher dans l’espace d’exposition (cette inscription dans l’espace peut faire écho au travail de Stefano Urani présenté en février dernier dans la galerie IMMIX). Sa série intitulée « les animaux invisibles » a pour principe de se développer dans l’espace concret : elle dessine à même le mur, utilisant les accidents que sont les prises, les interrupteurs ou des décrochages de maçonnerie. Ou bien elle plante un clou et y accroche un fil auquel va littéralement « tenir » le dessin. Ailleurs, une partie de l’animal en pâte à modeler fait corps avec le mur. Là encore, c’est notre rapport à l’animalité qui se dessine : l’animal comme Autre par excellence, mais aussi confrontation à notre propre part d’animalité. Le trait de Kristina Heckova est précis, gracile, dépouillé. Le dessin suspend l’instant du regard.

Deux approches différentes qui s’interrogent sur la frontière entre réel et représentation, avec cette idée qu’une frontière n’est pas quelque chose qui ferme mais au contraire, une intense zone d’échanges.

 

 

Bruno Dubreuil / Immixgalerie

Accrochage


 

Vernissage