Persistance du modèle religieux

 PERSISTANCE DU MODELE RELIGIEUX

 

Carton - recto  Carton - verso

 

Exposition du 8 février au 2 mars 2013. Vernissage 7 février de 19h30 à 22h.

Elise MazacXiang ZhenhuaTarik Essalhi.

 

Soyons clairs : dans cette exposition, la religion ne sera pas considérée comme un fondement idéologique aux œuvres présentées, ni comme le sujet de ces œuvres, avec une visée qui serait critique ou prosélyte. Il s’agit ici (et le titre est explicite) de porter notre attention sur l’iconographie religieuse en tant que modèle de représentation si puissant que son programme iconographique infiltrerait encore nos représentations contemporaines, que ce soit sous forme d’influences, de détournements ou de transpositions.

 

Babies, la série d’Elise Mazac est une collection de bébés extraits de tableaux de la Renaissance. On peut chercher à les réattribuer à leur auteur (Léonard de Vinci, Mantegna, le Greco) mais là n’est pas le propos puisque c’est par leur déplacement que s’élabore le travail artistique. Une réappropriation qui va passer par un recadrage serré sur la personne du bébé, recadrage qui effectue une première décontextualisation, laquelle est redoublée par le choix du vêtement de la madone et par le fond coloré uni qui crée des contrastes presque pop. Dans ces collages, l’enfant-dieu s’est totalement humanisé, son univers profane évoque déjà celui de la consommation. L’allégorie s’est déchargée au profit d’une immanence dont la futilité et la légèreté sont pleinement revendiquées par l’auteure.

De grandes plaques photographiques sont posées sur le sol, elles contiennent des corps endormis, grandeur nature, œuvres de Xiang Zhenhua. Le rendu des images est doux, brumeux, distant comme les peintures en grisaille des tableaux flamands. L’artiste préfère insister sur la notion d’image plutôt que de photographie : la photo d’origine est une image assez simple, prise avec un téléphone, dans la vie réelle ou bien dans un film, et retravaillée ensuite sur ordinateur. Il dit s’interroger sur le temps passé à dormir, il dit que dormir, c’est presque mourir. A travers ces moyens modernes, il lance un pont vers la statuaire médiévale, gisants et transis, retrouve les Christ d’Holbein-le-Jeune ou de Mantegna, et c’est au milieu de pierres tombales que nous avançons en silence.

Ce qui nous trouble devant les sculptures de Tarik Essalhi, c’est qu’elles paraissent étrangement hors du temps, comme ces œuvres si singulières qu’elles semblent ne pas appartenir à leur époque. Leur mélange de force et de sensualité les rattache bien au classicisme italien de la Renaissance, la martyrologie qui les sous-tend les ancre plus loin encore dans le temps, mais la façon brute et crue dont elles se présentent devant nous les rend profondément contemporaines. Le travail de l’artiste culmine avec la dépouille de Saint-Barthélémy ( écho de celle qu’a peinte Michel-Ange dans son Jugement Dernier ) : une surface sans volume comme un oripeau de la pratique du sculpteur, une enveloppe pendante qui nous questionne sur son contenu éphémère.

 

Bruno Dubreuil / Immixgalerie

                                                                                                  

Elise Mazac / Tarik Essalhi / Xiang Zhenhua 

 


Accrochage

 


Vernissage